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Presse

Le cri de l’ormeau – Avril 2018

Le funambule GirO
Au départ, on pense à Dominique A sur Je t’écris de la France. Les arrangements, le sens du verbe. Dès le second morceau, on compare avec les expérimentations de Noir Dés’, Fontaine, Bashung. Et puis après on se dit non, il y a aussi des influences orientales. Donc on attend le quatrième morceau. Et là il y a des cordes. Bon. On songe du coup à d’autres artistes. Et le truc avec Sylvain GirO, c’est que du premier au dernier morceau, on est tentés de catégoriser sans vraiment trouver la bonne case. Alors on finit par lâcher les comparaisons, et on écoute vraiment. Madame en col bleu, et surtout l’arabisant Le Front de l’éclusier revenant sur le drame du 17 octobre 1961. Profondément, une véritable envie de jouer avec les mots, mais, rare pour le souligner, une capacité à se faire léger, grave, moderne, sentencieux, étrange, et au final inclassable dans sa façon de tout réunir. Le funambule GirO passe de cordes en cordes sans perdre l’équilibre, sans s’épuiser. Comme L’écho de nos ombres. Comme Pour qui celle-là ? Combien d’albums aujourd’hui nous surprennent après trois-quatre morceaux ? Les Affranchies est un vaste laboratoire expérimental où interagissent parlé et phrasé, grandiloquence et simplicité jusqu’à l’os. Et au final, au bout de plusieurs écoutes, l’impression de tenir là une vraie signature, intime, « sociale et sensible ».

Pierre Morvan – Le peuple breton – Avril 2018

« De beaux textes poétiques et souvent engagés, parfois enragés, une voix chaleureuse entre émotion et colère, et un écrin musical sobre et percutant. Des mots juste pour dépeindre un pays, une société, qui ne le sont pas toujours, pas vraiment… ».

Michel Kemper – Nos enchanteurs – Avril 2018

Sylvain GirO, homme de lettres
Les affranchies. Affranchir au sens de s’acquitter de la taxe postale, au sens de lettre oblitérée. Mais affranchir a d’autres sens et tous, peu ou prou, s’accordent dans la démarche épistolaire de Sylvain GirO. On s’affranchit aussi d’une lettre : « Je suis la lettre, je suis l’encre / Je suis le bois de ton papier / L’enveloppe de ton sang d’encre / Je suis ton oiseau messager ».
La lettre à Élise, Les lettres, Lettre à France, Le déserteur, De la main gauche, Tu m’écris…, le genre épistolaire n’est pas étranger à la chanson, loin s’en faut. Là, Sylvain Giro a écrit des lettres pour tout un spectacle, tout un album. « Lettres intimes et poétiques, engagées et brûlantes, parfois drôles et absurdes. Et tisse un lien social entre toutes ces missives, pour mieux nous dévoiler en filigrane son écho de la France d’aujourd’hui ». « Je t’écris de la France / Où l’on ne vit qu’à pas lents / Où l’on meurt en rue sombre / Où l’on erre… » Ces correspondances ont la valeur d’autant de coupures de presse : reportages intimes, tranches de vies, d’actualité aussi. Ainsi ce jour du 17 octobre 1961 où la police du préfet Papon exécute des dizaines d’Algériens, à Paris : « A la première écluse, j’ai vu le front de l’éclusier / A la deuxième écluse, mes longs cheveux se sont défaits / A la troisième écluse, dans la Seine je me suis noyée ». C’est un réfugié qui jette à la mer une lettre en bouteille à sa compagne noyée, ce sont des femmes ouvrières qui élèvent seules leur enfant. C’est un simple citoyen qui, à la manière de Vian, interpelle notre président : « Je t’accuse d’être sourd / Face à notre souffrance / De jouer l’indifférence / D’avoir honte de nous / De vouloir du pays / Une image de cols blancs / De vainqueurs, de belles dents / De gens qui fassent envie / Et d’avoir en projet / Que nous soyons absents / Des journaux, des écrans / Invisibles rejets ». Là, c’est réchauffement climatique, pluies acides, disparition des espèces…
Par quelques lettres éparses, GirO fait cinglant réquisitoire, rare à ce point dans la chanson.­­ Sachez qu’en préambule de chaque nouvelle scène, il lance un appel aux spectateurs de nouvelles missives, dont il chante certaines. Lettres après lettres, c’est implacable cahier de doléances d’un monde qui saigne et souffre : le nôtre.
Ici, à l’unisson des lettres et de leurs calligraphies, les instruments font élégante écriture ou inquiétante dramaturgie. Violoncelle et machines rivalisent de concert. Les sons sont ponctuations, autre typographie où les points sont des poings, où l’angoisse se note tant sur les noires que sur les blanches. Vous ai-je dit que ce disque-là est important ?

Etienne Gruel – Ouest-France (page culture toutes éditions nationales)

Sylvain GirO, chanteur engagé à la lettre
« A travers dix missives bien senties, il fait danser des mots précis pour évoquer la détresse d’un migrant ou l’urgence écologique. Il interpelle aussi le Président sur son désintérêt pour la classe ouvrière. (…) Erwan Martinerie l’accompagne au violoncelle et aux machines. Ensemble ils co-signent des arrangements piochant autant à la musique trad’ qu’à l’électro. Sylvain GirO fait danser les mots et s’affranchit des codes musicaux. »